jeudi 21 janvier 2010

Anne | L'Arbre dont je suis issue


    
   ANNE   
 
   

Il était un peu compliqué de mélanger Généalogie
et souvenirs d'enfance.
Alors, nous continuerons notre enfance ici.

Et l'histoire de mon arrière-grand-père,
s'installe dans l'Annexe, juste à côté.


   

Si ce récit, plus intimiste, vous intéresse
laissez moi un message 
et je vous ouvrirai la porte 

mercredi 6 janvier 2010

Anne | Reine d'un jour...



.
Cela ne pouvait m'arriver QUE le 6 janvier,
pour l'Épiphanie
même si je n'avais au fil des années
qu'une chance sur quatre, puis sur cinq,
de trouver la fève dans la Galette des Rois.

C'était une vraie fève
comme celle que l'on plantait au potager.


Il y avait aussi un petit sujet en porcelaine.
Un bébé emmailloté,
Jésus disaient nos parents,


parfois une lune ou un 13 porte-bonheur.


Mais chez nous, cela ne comptait pas.

Ce jour était l'aboutissement d'une longue période
qui commençait bien avant Noël,
à la mi-décembre,
avec l'installation de la crèche.


Nos trois santons préférés étaient les Rois Mages.
Ils nous fascinaient,
tellement différents des autres,
qui après tout,
n'étaient que les habitants ordinaires
d'un petit village.

Eux, d'abord étaient les plus beaux.


Leurs couronnes dorées étincelaient
et leurs coffrets débordaient de pierre précieuses.
Et puis l'un d'eux était Noir,
et nous n'en avions jamais vu.

Chaque année nous écoutions
La Pastorale des Santons.


Nous en connaissions la moindre réplique.
Et nous pouvions,
à n'importe quelle période de l'année,
 déclamer 2 ou 3 phrases à toute allure, éclatant de rire
sous le regard éberlués de nos parents,
qui cherchaient en vain ce qu'il y avait de drôle !
Mais quand L'Ange commençait à décrire
les Rois Mages
nous l'écoutions dans un silence émerveillé.
Ils arrivaient,
chargés de tous les parfums de l'Arabie,
la myrrhe et l'encens...
Nous murmurions en même temps que lui,
ces mots dont le sens nous échappait.
Et ces parfums inconnus, nous emportaient
sur le tapis volant des mystères enfantins.
.
Le soir de Noël nous déposerions le Petit Jésus
entre ses parents, entonnant doucement
Il est né le Divin Enfant
Jouez hautbois
que nous entendions au bois
Résonnez Musettes
Il est né le Divin enfant
Chantons tous son avènement.
.
Mais les Rois Mages, eux,
avaient d'abord un très long chemin à parcourir.



Ils le commençaient en haut de l'armoire,
à l'autre bout de la pièce.
Chaque soir, sauf bêtise grave, à tour de rôle,
tenus à bout de bras par notre père,
nous les rapprocherions de quelques centimètres.
Ils voyageraient de meuble en meuble,
et ainsi nous tromperions notre impatience,
jusqu'à la Messe de Minuit,
les cadeaux, les treize desserts...

Gaspard, Melchior et Balthazar
ne partageraient pas ces réjouissances.
Ils continueraient à avancer, guidés par l'Étoile,


et pour qu'ils ne perdent pas courage
nous leur chanterions,
Dou-ouce Nuit... Sain-ainte nuit
Dans les cieux ! L'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini...

Enfin arrive le 6 janvier !
Et en plein péché de gourmandise,
nous n'avions plus qu'une idée en tête.


Elle fleurait bon la fleur d'oranger,
Ce parfum-là nous le connaissions
et voulions y goûter à nouveau.
Nous admirions les fruits confits,
dansant la farandole sur des grains de sucre
qui pour nous, symbolisaient la neige.
Et le rituel commençait.
D'abord, il fallait la partager.
Et couper un cercle 
en sept parts 
ÉGALES !...
Heureusement, il y avait la Part du Pauvre
Ce qui simplifiait le problème.

Le plus jeune d'entre nous,
d'abord ma sœur, puis plus tard mon frère,


allait sous la table.
Lui revenait le privilège
de répondre à la question,
pour qui celle-là ?
Avant d'attaquer notre part,
nous attendions sagement que chacun soit servi.
.

A ce moment-là l'excitation devenait palpable,
chacun surveillant les autres,
tout en essayant de découvrir la fève.
La brioche fondait dans la bouche...
Et soudain, un cri jaillissait !   
je l'ai !
L'heureux(se) élu(e) mettait sa couronne
choisissait 
son Roi ou sa Reine, 
et nous trinquions 
à leurs santés  
avec de la limonade.
La tension était retombée
et le repas s'achevait joyeux.

Bientôt, 
les santons


.

enveloppés avec soin,
retrouveraient leur boite.

Et le Pauvre ?

Il ne venait jamais !
et nous aurions chacun
un dernier petit goût de fête,
le lendemain matin au petit-déjeuner.

Ce n'était pas si important d'avoir la fève,
chacun savait que son tour viendrait.
Ce que nous aimions tous,
c'était l'excitation du moment
et ce délice qui finissait Noël.

Mais moi j'avais un secret.
Chez ma Mémère,
j'écoutais avec elle
REINE D'UN JOUR.
Une dame était choisie dans la rue
et toute une journée elle voyait
tous ses souhaits réalisés.
C'était en vrai,
mais on aurait dit qu'elle devenait fée.
Je jouais toute seule
à imaginer qu'on allait Me choisir.

J'avais décidé que ce serait le 6 janvier.
Je n'étais pas pressée.
Je le savais c'était tout, et j'attendais...

Anne

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