samedi 31 janvier 2009

Anne | Ma première question existentielle

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A l'école de Bouzonville,
nous avions deux sortes d'amis.
Ceux dont les parents étaient proches des nôtres,
et avec qui nous allions jouer
tantôt chez eux, tantôt chez nous.
Et les autres...
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Parmi les premiers figurait le fils Poirier,
dont j'ai oublié le prénom.
Il m'embêtait continuellement.
Et il ne se passait pas un jour de classe
sans que je me demande pourquoi,
alors que nos familles étaient amies,
il m'empêchait toujours d'avoir le cyclorameur.
Cela me tracassait énormément.
Et je trouvais très injuste que Saint Nicolas,
lui ait apporté une panoplie de shérif.
Il avait accroché l'insigne doré sur son manteau,
et du haut de mes quatre ans,
je lui contestais fermement, mais sans succès,
le droit de faire la police en cours de récréation.
Je crois que je lui aurais volontiers abandonné
ma poupée contre son pistolet à amorces
et son chapeau
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Mes deux premières années de classe,
une soeur venait nous chercher et nous raccompagnait.
Ensuite nous allions à l'école tout seuls.
Mon frère Jean Paul me tenait la main
et nous avions un itinéraire à suivre scrupuleusement.
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Si nous n'avons jamais fait l'école buissonnière,
il nous arrivait de changer de trottoir
pour coller notre nez à la vitrine de Kieffer-Nadé.
C'était le magasin de jouets et de farces et attrapes.
Pas question d'y entrer
mais au plaisir de détailler tous ces trésors
s'ajoutait le frisson de la désobéissance.
Le secret était bien gardé, nous avions juré
croix de bois, croix de fer !
Jusqu'à ce jour, proche de mardi gras
où nous sommes arrivés à la maison très excités.
Maman, maman,
ils ont reçu les masques chez Kieffer-Nadé !!!
Cette année là, pas de masques pour nous...
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On s'en fichait bien pas mal.
Nous avions une balançoire à moteur.
Dans le bac à sable abandonné à notre petit frère,
un morceau de bois nous servait de levier.
Nous le tenions à tour de rôle
et on accélérait la vitesse en poussant des cris de frayeur.
C'était aussi grisant qu'un tour de manège !
____________________________Nous avons quitté Bouzonville
le morceau de bois bien caché dans nos affaires.
Il s'est volatilisé, mais il était déjà oublié !
Nous étions tellement émerveillés par notre nouvelle vie.
La mer, le soleil, le Corbusier et toutes ses cachettes,
la nouvelle école...
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Quatre ans plus tard,
quand nos grands-parents ont déménagés
nous avions à nouveau une balançoire.
Avons-nous même essayé d'installer un moteur ?

Une partie de la magie de l'enfance s'était déjà enfuie.
On dirait que ça serait...
Mais ça n'était plus...





 




souvenirs d'enfance

mercredi 28 janvier 2009

Anne | Premiers souvenirs...

hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Mon père était passionné de tennis.
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh










Quand il est arrivé à Bouzonville en 1946
jeune ingénieur des Ponts et Chaussées,
la semaine il reconstruisait les routes et les ponts,
le dimanche, il aménageait le terrain de sport.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhEt il put ainsi, rapidement,
se livrer à son sport favori.
Sans être un champion il avait quand même
été le vainqueur d'un tournoi local
même si c'était à la surprise générale !












nnnnnnnnnnnnnn
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Je n'avais pas encore 2 ans
ce jour où il m'a emmenée avec lui,
et j'étais d'humeur très joyeuse.
jjjjj
J'ai dû le gêner dans ses travaux
car assez vite il m'a raccompagnée à la maison.
Je ne voulais pas rentrer !
Pour me convaincre
il m'a promis qu'après avoir goûté
nous reviendrions ensemble.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Une part de tarte m'a occupée un moment,
le temps pour lui de s'éclipser discrètement...
Quand j'ai compris qu'il était reparti sans moi,
j'ai piqué une colère dont j'entends encore
les hurlements stridents.

Je revois en détail la porte qui s'ouvre, la part de tarte,
le moment où j'ai réalisé son absence.
J'en fus inconsolable jusqu'à son retour...
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Ces images un peu saccadées
comme dans les films de famille en super-8,
passent sans raccord, d'un épisode à un autre.

J'ai trois ans.
Ma mère fait tomber à terre
les petits pois qu'elle vient d'écosser.
Émerveillée je me mets à courir partout
et je ris aux éclats.
Les petits ballons, les petits ballons !
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
A la même époque,
je m'amuse à faire la toupie.
Quand je m'arrête,
affolée, je crie bien fort
pour prévenir tout le monde.
Attention, la maison qui tourne !
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Les cinémas permanents ont depuis longtemps
fermé leurs portes.
Mais pas ceux de notre mémoire...
Il suffit de s'asseoir, de fermer les yeux,
et de chantonner comme au patronage
E-tein-dez les lu-miè-res
co-mmen-cez le ci-né-ma !










mercredi 7 janvier 2009

Nicole | La couronne des Rois.

pppppppppppppppppppppppppppp
NICOLE
"Le Berger comme Autrefois
montre le chemin aux trois Rois.
Et ses Rois ont pour suivants
des chameaux chargés de présents..."

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Le jour de l' Épiphanie,
ce ne sont pas les chameaux que nous attendions mon frère et moi
mais le gâteau des rois que Maman  à la fin du repas de famille
allait poser sur la table.
pppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppp
Sitôt
défaite la jolie ficelle dorée,
déplié le papier,
l'odeur sucrée de la couronne briochée farcie de fruits confits
venait nous chatouiller les narines.

pppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppp
Avec mon petit frère , nous passions  alors  sous la table 
pour désigner  les yeux fermés
les futurs propriétaires des parts de gâteaux
que  Maman aurait minutieusement découpées,
Mais elle n'oubliait jamais de laisser de coté la part du Pauvre.
qui  viendrait toquer à notre porte
pour réclamer
son dû.

"une part pour maman... une part pour papa...
une pour pépé... une pour grand papa..."
pppppppppppppppppppppppppppppppppppp
Toute la famille y passait!
Nous ne manquions pas de nous octroyer en même temps
une bonne part de gâteau
en espérant que le mauvais sort  caché sous les traits d'une fève,
ne vienne impitoyablement désigner l'un de nous
comme le prochain acheteur.
_Celui qui trouvait le sujet était sacré Roi ou Reine
pour la journée.
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"je voulais   toujours  être la Reine "...
mais si par un malheureux  hasard le sort ne m'était pas favorable
cela m'était  bien  égal !
car  pour mon grand papa, j'étais déjà
avant le partage de la couronne des Rois
La Reine des Reines
























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Le soir venu,
après le départ de tous nos invités,
les couronnes atterrissaient sur nos têtes
et maman, nous partageait
" la part du Pauvre "

que nous dégustions, mon petit frère et moi
sans aucun remord.


Nicole.